Du train qui me conduisait à Fukushima, le soleil, la montagne et le fleuve étaient radieux, comme avant ce 11 mars 2011, comme avant ce tremblement de terre. Nous pouvions presque en oublier le risque radioactif.
A mon arrivée à la gare de Fukushima, comme à Tokyo, les sourires illuminaient le visage des habitants. Les gens de Fukushima essayent de ne pas avoir peur de la radioactivité, cette peur n’apporte rien. Chacun essaye d’accepter la situation, de garder le sourire et d’être positif afin d’œuvrer au mieux pour la reconstruction.
J’ai été accueilli par des personnes très gentilles comme ce chauffeur de bus qui a changé son trajet afin de me déposer au plus prêt de la gare, où cette vieille femme qui m’a expliqué patiemment mon chemin alors que j’étais égaré. Son sourire et son « amusez-vous bien » m’ont touché.
Les habitants de Fukushima pensent beaucoup aux autres, cachent leur tristesse et leur anxiété ; c’est une attitude remarquable.
A Fukushima j’ai participé au Festival « Project FUKUSHIMA! ». A l’initiative de ce festival, des musiciens et poètes nés à Fukushima. Leur objectif est simple : voir Fukushima tel qu’elle est aujourd’hui. Tous souhaitent que ce festival perdure dans le temps.
Lors de cette journée, j’ai tenu un stand avec des bénévoles de l’association Ringono. Cette association travaille en France et au Japon afin de promouvoir l’efficacité des pommes comme neutralisant de la radioactivité. Elle incite chacun à consommer ce fruit quotidiennement.
Sur son stand, Ringono offrait du jus de pommes aux habitants de Fukushima. Les pommes provenaient d’agriculteurs de la préfecture d’Aomori (à l’extrême nord de l’île principale de l’archipel). Ces fruits de très bonne qualité qui sont normalement réservés à une consommation courante, ont été vendus très bon marchés à l’association.
Les pommes sont très efficaces pour évacuer la radioactivité du corps.
Vladimir Nesterenko, à la tête du laboratoire indépendant Belrad et liquidateur à Tchernobyl, a prouvé que la pectine des pommes absorbait le Césium 137. En un mois de traitement la charge en radionucléides de l’organisme de l’enfant peut baisser de 40-90%.
Le professeur Kenji Tasawa de l’Université de Médecine et de Pharmacie Toyama a confirmé ce rapport en préconisant de manger 2 pommes par jour.
La pomme est composée de nombreuses fibres, favorisant le métabolisme et la pectine, majoritairement contenue dans sa peau, absorbe la radioactivité.
C’est ce que rappelait la brochure de Ringono disponible sur le stand.
Notre but était d’accueillir 10.000 personnes mais la météo ayant été défavorable, ce chiffre n’aurait pas pu être atteint. La population présente souriait grâce à la musique et aux artistes présents.
500 matériels de dessins, offerts par la famille du président de Japonaide, étaient à disposition des enfants sur le stand. Il leur a été demandé de dessiner sur le thème « qu’aimes-tu ? ».
Dans l’équipe de Japonaide beaucoup s’attendaient à voir des dessins sombres. Mais, à notre grande émotion les dessins étaient pleins de couleurs et d’optimisme. Je pense que c’est grâce aux parents, aux voisins de quartier, qui protègent les enfants des difficultés que tous traversent.
Je sais que la vie reste difficile à Fukushima, mais ce fut une heureuse parenthèse, menée par ces enfants qui ont dessiné avec plaisirs. Leur joie nous encourage.
Mais je ne peux pas occulter l’émotion suscitée par une grand-mère qui me confiait : « Du fait de la radioactivité, cette année mes petits enfants ne peuvent pas venir. Tous les ans je leur donne du maïs et des pêches de mon champs mais cette année je suis triste de ne rien pouvoir leur offrir. » J’en ai eu les larmes aux yeux.
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