Les textes des discours des enfants de Support Our Kids 2014

Le 18 juin 2014, suite à notre première rencontre avec Support Our Kids ayant eu lieu l’année dernière, nous avons accuielli à nouveau 10 enfants de cette organisation à l’amphithéâtre de l’Université Paris I, grâce au soutien de cet etablissement. Voici les discours faits par six participants.


Je suis lycéen en deuxième année habitant à Kuji dans la préfecture d’Iwate.
Ma ville est devenue connue grâce à la série matinale de la NHK “Ama-chan”.

Le 11 Mars 2011 à 14h46, les secousses sismiques nous ont alarmés.
À l’époque, j’étais en première année du collège.

Je venais juste d’avoir ma cérémonie de remise de diplôme lorsque que le tremblement de terre nous a touchés. Je m’en souviens comme si c’était hier. Le tremblement était différent, plus puissant que d’habitude. Les gens se comportaient bien étrangement que j’ai cru que j’allais bientôt mourir.

L’école nous avait ordonné de retourner chez soi le plus rapidement possible. Sur le chemin du retour, j’ai aperçu de nombreux arbres effondrés et les rochers se brisaient en émettant un bruit de tonnerre.

Quand je suis arrivée à la maison, la radio et les communications d’urgences ne cessaient de nous avertir de ne pas nous rapprocher de la mer. Je l’ai appris bien plus tard mais, je ne pouvais pas m’imaginer qu’un tsunami qui engoberait la ville entière se rapprochait.

Comme j’habitais un peu plus loin du rivage, je n’étais pas affectée par les dégâts aquatiques bien que les remontés de la rivière se soient rapprochées très proches de chez moi. Malgré les avertissements des autorités, nous sommes restés à la maison en évaluant la situation à la légère.

Je regrette de ne pas avoir eu le reflex de fuir en ces moments d’urgence extrême. Après la stabilisation des remontés de flux, nous étions privés d’électricité, de gaz et d’eau. C’était une nuit unique, où des petites secousses continuaient à se produire.

Je ne sais ce qu’il m’a pris mais j’ai eu la soudaine envie de contempler le paysage. Les images que j’ai vues à ce moment-là vont me marquer pour toujours. C’était une vue, privée de lumière, qui dévoilait un ciel plein d’étoiles. Bien que mon esprit était préoccupé par les incidents, la grandeur de l’univers m’avait encouragée à me battre contre le tremblement de terre jusqu’au bout. Nous avons finalement récupéré l’électricité, le gaz et l’eau au bout de trois jours.

Par la suite, je vais vous parler de la situation du désastre jusqu’à aujourd’hui.

La ville de Kuji étant assez étendue, en comparaison avec le lieu du désastre, j’ai réussi à maintenir une vie plutôt stable même après cette catastrophe. Après la catastrophe sismique, les habitants de la ville de Kuji se sont relevés. Notamment grâce aux nombreux événements qu’on a pu mettre en place, le retour à la vie normale s’est effectué petit à petit. Les habitants ont particulièrement été émus par les rails qui ont été reconstruits en l’espace de seulement 3 ans dans les régions les plus désastreuses. Ce retour à la norme est dû aux efforts de chaque individu. J’ai moi-même participé à une réunion de la région de Mandorin pour célébrer le retour à la norme en jouant mon instrument favori.Je pense que, la région d’Iwate, de Miyagi et de Fukushima vont mettre du temps à revenir à la normale. En ne négligeant pas les efforts personnels investits dans la reconstruction, j’aimerais renforcer d’avantage ce quartier qui me tient à cœur.

De plus, mon point de vue par rapport à la prévention des catastrophes, est tel qu’il faut se protéger soi-même.

C’est d’ailleurs le sens que porte «Tsunami Tendenko ». Tsunami Tendenko, veut dire que lorsque qu’un séisme a lieu, chacun doit penser à sauver sa propre vie en premier et se réfugier en hauteur. Ceci est l’enseignement du département d’Iwate de la région donnant sur la côte.

Dans la grande catastrophe de l’Est du Japon qui a eu lieu, combien de gens ont respecté ce dicton?
Combien de personnes ont pu y parvenir ?
Cela est d’une immense importance.

A travers cette catastrophe, j’ai pu prendre conscience du poids de ma propre vie. De même, je réalise que je suis effectivement responsable de la protéger.

Afin d’éviter une nouvelle catastrophe comme celle-ci, il est primordial d’instruire les générations futures à propos des catastrophes du passé. Je pense qu’il est impossible de réduire les conséquences causées par les catastrophes sans apprendre de l’histoire. Je crois qu’il n’y a pas de sens à essayer de confronter des catastrophes naturelles qui sont complètement imprédictibles, si ce n’est en se basant sur des connaissances acquises à travers des évènements du passé.

J’aimerais moi-même m’impliquer et partager mon expérience de la grande catastrophe dans l’Est du Japon.

J’ai beaucoup de message que j’aimerai transmettre aux français.

La culture, la langue, ainsi que le nombre de catastrophes sismiques entre la France et le Japon sont très différents. Cependant, l’esprit de vouloir soutenir un pays en difficulté est universel.
J’ai vécu le grand séisme de l’Est du Japon, et nous avons reçus un grand nombre de soutiens par le peuple français ainsi que du monde entier. Personne ne peut prévoir où et quand une catastrophe se produira, dans n’importe quel pays au monde. Tant qu’il y aura des personnes cherchant de l’aide, je continuerais à les soutenir, en prenant exemple sur vous les Français.

Lorsque j’ai reçus ces innombrables soutiens, j’ai eu beaucoup de gratitude. En retour, je souhaite devenir un leader impliqué dans la reconstruction de Kuji afin de pouvoir accueillir les étrangers du mieux possible. De plus, comme l’association Japonaide, j’aimerai utiliser la musique comme un moyen pour contribuer à la reconstruction du quartier. La musique est un outil qui peut toucher quelqu’un au plus profond de son cœur. C’est la raison pour laquelle elle peut être une force pour encourager les habitants.

Merci beaucoup.


Je viens de Fukushima.
Lorsque le séisme est survenu, j’étais seule dans la maison. J’ai été mise au courant de la situation à travers une diffusion d’alerte urgente de tremblement de terre à la télévision et sur mon portable. Je suis immédiatement sortie de la maison, lorsque j’ai tout de suite senti le séisme qui nous a violemment secoué horizontalement, au point que je ne pouvais plus marcher.
Le même jour, la centrale nucléaire de Fukushima a explosé, laissant une fuite importante de particules radioactives.Après la catastrophe, l’eau ne coulait plus du robinet. Chaque jour, j’ai dû aller à une station d’eau pour aller pomper l’eau. Durant plus d’un mois, l’accès à l’école était interdit à cause d’un fort taux de radioactivité. Même si l’école reprenait, nous ne pouvions pas ouvrir les fenêtres, et le port du masque à l’extérieur était obligatoire. Mais au fur et à mesure que les travaux de décontamination avançaient et que le sol de la cour était remplacé,nous avons commencés à reprendre les activités sportives et culturelles. Cette catastrophe industrielle a entrainé beaucoup de fausses rumeurs et d’exagérations des faits réels qui ont eu une conséquence très négative sur notre peuple, mais ce problème s’est nettement amélioré à présent.
Cette année, le plus grand défilé de mode du Japon, la collection TOKYO GIRLS, a été organisée à Fukushima. L’année dernière ils avaient accueilli le festival Touhoku Rokkonsai qui rassemble les événements festifs représentatifs des six départements du Nord-Est du Japon. Cette ville est en pleine reconstruction.
Au quotidien, nous achetons les rations d’urgence et tout ce qui se conserve bien afin d’éviter les pénuries alimentaires. Il est aussi conseillé de stabiliser les meubles pour être en sécurité lors des séismes.
J’ai un message que je voudrais faire passer aux Français. Vous avez 59 centrales nucléaires exploitées, soit autant que le Japon qui en a 54. Les risques naturels étant très difficiles à prévoir, nous nous devons d’être préparés à ce genre de catastrophe à tout moment.
De plus, La France est un pays riche en ressource dont elle devrait en profiter davantage pour ainsi réduire la production d’énergie nucléaire. Par exemple, je pense qu’il serait favorable pour l’environnement et la société d’augmenter le taux de production d’énergies à source hydroélectrique et celle des éoliennes.
Merci de votre attention.


Je viens d’Ishinomaki, une ville de la préfecture de Miyagi.

Le 11 mars 2011 à 14h46. Le Japon a connu le tremblement de terre le plus puissant de son histoire. Avec une magnitude de 9.0, celui-ci a entraîné un tsunami qui ravagera une grande partie de la côte de Miyagi. Le nombre de morts et de portés disparus à Ishinomaki est environ 4000 et s’élève à plus de 12000 dans la préfecture.
J’étais en CM1 à l’école primaire de Sumiyoshi au moment de la catastrophe. Tous les élèves se sont rassemblés aussitôt dans la cour de l’établissement, mais un risque de tsunami nous força à nous déplacer au troisième étage.

Ma mère est venue me chercher en voiture avec mon petit frère pour me raccompagner rapidement à la maison. Mon père et mon autre petit frère étaient à la maison mais beaucoup de meubles s’étaient écroulés au sol et je fus étonnée par l’étendue des dégâts. La sirène retentissait perpétuellement avec la voix des autorités nous répétant de nous réfugier en hauteur afin de nous protéger d’un potentiel tsunami de 6 mètres de haut. 6 mètres, je ne pouvais même pas m’imaginer ce que cela pouvait représenter. J’avais très peur. Comme la famille entière était réunie à ce moment-là, nous nous sommes demandé si nous devions évacuer le foyer mais malheureusement notre maison étant un temple, ce n’était pas possible. Nous avons décidé de rester au deuxième étage en récupérant les affaires précieuses.

Ma maison est située aux confluents d’une rivière à environ 300 mètres et également à proximité de la mer, à 3kilomètres.
Le tsunami nous frappa 40 minutes après le tremblement de terre en s’introduisant à de multiples reprises en effectuant des va-et-vient. Le niveau d’eau montait petit à petit.Il commença à neiger en début de soirée et nous étions privés d’électricité, de gaz ainsi que d’eau potable. J’ai passé une nuit inquiétante dans le noir complet et un environnement étrangement calme et froid. Nos terres furent inondées pendant 3jours avec énormément de déchets flottants dans la boue.

Après trois jours de réfuge, nous avons enfin pu sortir mais mes parents s’efforcèrent de rester à l’intérieur et je les aidai alors à faire le ménage. Pendant les deux jours qui suivirent, je fus bien occupée. Les habitants de la ville sont tous allés récupérer leurs provisions d’urgences et notre temple organisa une distribution de ration alimentaires pour trois villes voisines et il a fallu nettoyer la boue amassée dans la cour. Nous avons également reçu de l’aide de notre famille éloignée et de moines venant du pays entier, notamment pour le nettoyage des débris et pour faire de cuisine bénévolement pour les voisins. Je suis allée aux établissements scolaires et aux centres de réfugiés pour déposer toute sorte de choses qu’ils nous avaient apportée.

Mon père a dû réciter des prières lors des funérailles, des enterrements ainsi que dans les chambres mortuaires.
Il fallait aider les gens encore en vie, rendre les corps de ceux qui n’avaient pas survécu, dégager les débris, et les maisons complètement détruites laissaient place à un vaste champ vide.
Des maisons provisoires furent bâtis dans les terrains vide ou dans les parcs, certains essayaient de rebâtir leur maisons eux-mêmes, d’autres déménagèrent ailleurs. Beaucoup de bénévoles aidèrent à la reconstruction de la ville, surtout des écoles.
Mon cœur déborde d’émotions et de remerciements.
A l’école primaire le premier étage fut inondé,une voiture avait même fini dans la piscine. Mais heureusement, la salle de sport fut rénovée juste avant de terminer mes études. Au collège les travaux du premier étage viennent enfin de commencer.
J’ai beaucoup d’amis qui habitent encore dans des maisons provisoires.
Jusqu’à l’année dernière, l’école primaire utilisait des salles vides pour faire cours, mais grâce aux réaménagements, de nouveaux locaux sont maintenant accessibles.

Le Japon est une île, il est donc primordial de se réfugier en hauteur lorsque le tremblement de terre est de magnitude très élevée de manière à se protéger au maximum d’un tsunami. Il est aussi important de parler du refuge à prendre avec sa famille pour se retrouver plus facilement après l’accident.
Il est aussi important de faire des provisions, des réserves pour la survie après la catastrophe.
Notamment en eau, en nourritures, aux produits de premières nécessités et aux premiers secours.
Pendant les 3 jours d’inondations, nous avions utilisé de l’eau, de la nourriture, une radio, une lampe électrique et un poêle à fioul. Étant donné que notre temple a été servi comme point de distribution de provisions d’urgence, à ce moment là je compris qu’il était aussi important d’avoir les contacts de ceux qui nous entourent, de nos voisins.
Si l’on veut diminuer les dommages occasionnés par ces catastrophes,il faut sans cesse en avoir conscience de manière à apprendre de ce que l’on a vécu et minimiser les risques que cela ne se reproduise de nouveau.

Je remercie tous les français pour nous avoir apporté tant d’aides.
Je suis très heureuse d’avoir participé à cette expérience si précieuse et je vous en remercie encore.
J’aimerais, un jour, pouvoir répondre à tout cet élan d’amour reçu du monde entier.
A cette occasion, avec mes connaissances acquises lors de la catastrophe, j’aimerais contribuer à la reconstruction de la ville et à l’aide aux gens autour de moi.
Cela prendra sûrement du temps mais nous n’abandonnerons pas.
Merci.


Tout d’abord, j’aimerai vous parler de la situation lorsqu’on a évacué.

J’étais en 5ème à l’époque, et c’est arrivé lorsque je m’apprêtais à partir de la cérémonie de clôture de l’année. J’ai tout de suite remarqué que les tremblements étaient plus violents que d’habitude, et décidé de trouver un espace vaste sans aucun objet qui pourrait être dangereux, et j’ai attendu.
J’ai ensuite couru pour rentrer à la maison.

A la maison se trouvait ma mère, mon frère était à l’ école primaire et mon père au travail. L’électricité ainsi que l’eau avaient été coupées, et ma mère et moi ne savions pas s’il fallait évacuer l’endroit ou non. Nous avons ensuite décidé de nous réfugier à l’école de mon petit frère, à cause du danger du tsunami.

Il y avait déjà beaucoup de personnes dans l’établissement, parmi lesquels mes propres amis.
Mon petit frère était avec ses camarades de classe. A peine avions-nous eu le temps de nous réjouir des retrouvailles que quelqu’ un cria « le tsunami arrive ! ».
Nous nous sommes empressés de monter au dernier étage car il y avait un risque que le tsunami monte très haut. Dans la neige, je voyais au loin le tsunami noir s’approcher.
Rapidement, la cour de récré ainsi que toutes les aires de jeux se sont fait engloutir par l’eau noire du tsunami. Je n’arrivais pas à en croire mes yeux.
Mais c’était bien la réalité, et je ne pouvais que prier pour la sécurité de toutes les personnes injoignables.

J’aimerais maintenant parler de la reconstruction, depuis les événements jusqu’à aujourd’hui.

Il m’a fallu deux mois avant de retrouver ma vie d’avant.
Entre temps, je vivais chez ma grand-mère, car à la maison, je n’avais accès ni à l’électricité ni à l’eau. La première chose qui a fonctionné de nouveau chez elle était l’électricité.
J’ai regardé la télévision pour la première fois au bout d’une semaine, et j’en éprouvais déjà une certaine nostalgie.
Nous avions accès au gaz, ce qui nous permettait de manger du riz chaud.
Lorsqu’ on n’avait pas d’eau, mon grand-père et moi allions puiser de l’eau dans le puits du voisin. Cette eau n’étant pas potable, nous l’utilisions pour nous laver le visage ou pour les toilettes.
Cela me semblait très pénible pour moi de ne pas pouvoir me laver les cheveux pendant deux semaines, mais je réalise aujourd’hui que cela m’a permis de découvrir combien cette ressource naturelle nous était importante et que j’ai pu vivre une expérience précieuse.
C’est pour cela qu’il m’arrive de me remémorer de cette expérience, à vivre sans eau ni électricité, pour apprécier tout ce que j’ai dans ma vie actuelle.

J’aimerais maintenant vous faire part de mon opinion sur les préventions et réductions des effets des catastrophes.
Je pense que la meilleure méthode pour éviter et réduire ce genre de catastrophe, serait de continuer de partager les expériences vécues aux personnes qui ne les ont jamais connues.
Même si nous ne pensons jamais oublier ces souvenirs, nos mémoires s’altèrent au fil du temps.
Cela serait encore pire si on n’a pas personnellement vécu cette expérience.
La terreur du tsunami, c’est quelque chose que je ne connaissais pas avant ce jour, car je croyais que ça n’allait jamais m’arriver, ni m’affecter personnellement.
Même s’il y a un tsunami provoqué par le séisme, il sera petit, ce n’est pas dangereux du moment qu’on n’est pas proche des côtes… Cela était faux, il y en a qui détruisent des bâtiments et avalent les gens sur leurs chemins. Il est bien sûr impossible de faire disparaître les catastrophes naturelles, mais je pense que par le fait d’en parler, les gens seraientt amenés à penser aux éventuelles catastrophes qui pourraient survenir, et à ne pas oublier de prendre des précautions nécessaires, et cela contribuerait à réduire les dégâts.

Pour terminer, j’aimerais pouvoir faire passer un message à nos amis français.

Je pense que vous n’avez pas souvent de tremblements de terre en France.
Au japon, on en vit tous les jours.
C’était tellement devenu une habitude, que jamais je n’avais pensé qu’il y aurait un jour un tsunami.
Je pense que mon père, qui est mort lors du tsunami, avait aussi sous-estimé le danger.
Je pense qu’il n’a pas fui, parce qu’il pensait que le tsunami ne viendrait pas.
Peut-être qu’il n’a pas pu évacuer à temps.

Nous ne savons pas quand nous allons mourir. Essayons donc de vivre notre vie sans regret, en étudiant et en faisant ce qu’on aime.
Lorsqu’un tel événement survient, il faut observer la situation et évacuer tout de suite.

Nous ne vivons qu’une seule fois, et nous ne pouvons pas revivre le passé. Le temps défile lentement, et très viteenu même temps.

Alors, prenez soin de votre vie.

Merci.


Bonjour, je suis de Kesennuma de la préfecture de Miyagi. J’aimerais vous parler un peu à propos de ma ville.
Kesennuma se situe dans le nord-est de la région, et fait face à un bel océan. J’ai toujours eu l’habitude de manger du bon poisson frais, que je mange aussi en sushis. J’adore aussi le saury grillé. Mais depuis la catastrophe sismique ainsi que le tsunami du 11 mars 2011, ma ville de Kesennuma a complètement changée.

J’aimerais maintenant vous en parler en détail. A l’époque, j’étais en CM1. Il ne restait presque qu’une semaine avant la fin de mon année scolaire lorsque c’est arrivé. Le séisme a d’abord commencé par de petits bruits. Je me souviens d’avoir pensé « ah ce n’est qu’un autre séisme », jusqu’à ce que les mouvements soient devenus de plus en plu grands et violents, et que je aie vu des lampadaires s’écrouler : ce n’était pas un séisme habituel. Je suis ensuite allée me réfugier dans la cour de recrée de mon école. Et près de l’école se trouvait une rivière. Mon professeur y était allé, et nous a dit qu’il pouvait voir le fond de la rivière tellement l’eau s’était retirée. Ayant jugé qu’il était impossible de réfugier nulle part
, nous sommes montés au troisième étage de notre établissement scolaire. Le tsunami s’approchait dans notre direction, dans la direction inverse de la rivière, d’une force impressionnante et monstrueuse, et avait presque atteint le deuxième étage de notre bâtiment. Devant ces images, j’étais choquée, et j’avais surtout très peur. Ce soir-là, nous étions obligés d’y passer la nuit car nous ne pouvions pas mettre un pas dehors. Malheureusement, les draps et les provisions se trouvaient dans notre gymnase, qui était inondé et inaccessible. Nous avons donc dormi enroulés dans des rideaux que nous avions arrachés des fenêtres des classes. Il neigeait, et il faisait très froid. Il y avait, en plus des élèves de mon école primaire, des résidents locaux ou des enfants en maternelles quis’étaient aussi refugiés dans mon bâtiment. Nous étions environ 600 au total. L’alarme des urgences ne cessait de sonner, toute la nuit, m’empêchant de m’endormir. Je me rappelle d’avoir été particulièrement effrayé en entendant la nouvelle qui passait en boucle, d’après laquelle 200 à 300 morts avaient été retrouvés sur les plages de Sendai. Cette nuit-là, les incendies illuminaient le ciel. Le feu s’était propagé jusqu’au bord de la rivière, et aurait pu attaquer notre bâtiment à n’importe quel moment, ce qui m’a tracassé toute la nuit.

Le lendemain matin, mon père est venu me chercher et j’ai pu rejoindre ma famille. Les enfants qui ne savaient pas où se trouvaient leurs parents, étaient obligés de passer une deuxième nuit à l’école. Ensuite, des militaires sont venus les chercher en hélicoptère pour les emmener dans des camps de réfugiés. Par la suite, beaucoup de bâtiments préfabriqués ont été construits. Ces derniers ont été installés dans des écoles primaires et lycées ainsi que dans des parcs ; 10 cours de récrés d’écoles au total ont été utilisées pour cela.
Le tsunami a emporté beaucoup de choses de la ville de Kesennuma sur son chemin. Mais la ville de Kesennuma est aussi confrontée à un gros problème lié à l’affaissement du sol. En raison d’un affaissement du sol de plus d’un mètre, ces zones étaient inondées au moment de la marée haute. Trois ans après la catastrophe, les travaux pour les remblayer sont loin d’être terminés et ceux sur la côte n’ont même pas commencé.

Personnellement, ma maison a été entièrement détruite, et j’ai bougé trois fois de camps de refugie. La ville pourrait donner l’impression qu’elle s’est remise de cette catastrophe, mais la réalité est telle que nous sommes toujours en reconstruction.
Le tsunami et le séisme étaient des évènements très désastreux et tristes pour nous. Mais j’ai eu beaucoup de chances et d’opportunités, que je pense avoir pu bien saisir. Je n’ai pas du tout envie de revivre la même chose. Évidemment, cela s’applique pour tout le peuple japonais. C’est pour cela que je pense que le devoir que j’ai en n’étant qu’une lycéenne ayant vécu cela, serait de transmettre aux générations futures toutes mes connaissances sur les situations, les techniques et les moyens de reconstructions.
Nous avons reçu un grand soutien du peuple français après cette catastrophe.
J’aimerais terminer mon discours en vous remerciant du plus profond de mon cœur, car on pourrait presque dire que nous avons réussi à nous relever de cette terrible catastrophe grâce à vous. Merci. Si quelque chose arrive en France, je serai là pour montrer mon plus grand soutien et aide envers vous. Merci.


J’aimerais vous faire partager mon expérience du 11 mars 2011. Je suis lycéenne de l’école Sendainika.
Je vais d’abord commencer par expliquer mon vécu personnel de ce si tragique événement.
Le 11 mars 2011 à 14h46, j’étais en train de suivre le sixième cours de la journée dans mon école située loin de ma maison, près d’une montagne. Au moment du tremblement de terre, des fissures sont apparus sur les murs et beaucoup d’objets sont tombés mais le bâtiment scolaire étant neuf, l’école a heureusement tenu le coup et il n’y a pas eu de victimes . Cependant, les feux de circulation ne fonctionnaient plus, la ville était en état de panique car tout le monde avait des difficultés pour rentrer à la maison. Sans aucun moyen de transport, je me suis donc retrouvée bloquée à l’école où j’ai du passer la nuit , et c’est un ami qui, le lendemain, m’a raccompagnée en voiture.

Lors du séisme, mon père et ma mère étaient tous les deux au boulot. Ma mère faisant partie de l’équipe de surveillance de la côte, a été obligée de rester à son poste suite à l’alerte au tsunami et elle n’a pas pu revenir à la maison: sa voiture ayant été engloutie par le tsunami. Mon père, employé de la commune était aussi occupé par son travail et n’a pas pu revenir à la maison pendant plusieurs jours.

Après le 11 mars, gaz, électricité et moyens de communications, en d’autres termes, tous les éléments essentiels pour vivre, étaient coupés. Ce fut une expérience inimaginable. Je développerai ce point par la suite. Au cours de la première nuit passée au lycée, j’ai pu suivre les nouvelles par la radio ou par le téléphone portable de mon ami, et je suis restée stupéfaite par ce que j’entendais.

Dans les jours qui ont suivi, d’autres petites secousses n’ont pas cessé de se produire, et nous vivions constamment dans la peur.
A Minami sanriku cho, ville natale de mon père, vivaient ma grande mère et ma tante.
Leur maison située face à la mer a souvent été affectée par des tsunami et lors du séisme de Valdivia au Chili en 1960, et les mesures anti-tsunamis furent très efficaces, ce qui avait permis à mes grands parents d’évacuer à temps. La maison ayant été emportée par le tsunami, elles habitent à présent près de là où j’habite. En réalité, deux jours auparavant, il y avait aussi eu un tremblement de terre et la sirène au tsunami avait été déclanchée mais il n’avait pas atteint les côtes. Je pense que c’est pour cette raison qu’il y a eu particulièrement beaucoup de morts lors du tsunami du 11 mars, car un grand nombre de personnes pensant que c’était une fausse alerte ils sont donc malheureusement restés dans leur maison sans évacuer.

Maintenant, je vais vous parler de la situation après la tragédie jusqu’à la reconstruction.
Après le tsunami, il n’y avait plus aucune infrastructure adaptée permettant de reprendre une vie normale. Plus de trains, ni de magasin, imaginez à quel point il était difficile pour ceux qui vivaient aux alentours, comme ce fut le cas de ma grand-mère. Il ne restait que très peu d’habitants aux alentours du quartier où se trouvait mon école et j’ai compris qu’il était difficile à rassembler assez de personnes pour essayer de reconstruire mon école que je fréquentais pourtant si régulièrement sans me poser de questions.

Pour continuer, je vais vous parler des bâtiments endommagés par le tremblement de terre. Ce sont des problèmes majeurs auxquels on doit fait face. Un mouvement « Pour conserver ces bâtiments » en tant que symbole représentatif des dégâts du tremblement de terre ainsi que du tsunami s’est constitué.
Cependant de nombreuses victimes ont souhaité les voir détruites pour oublier plus facilement la souffrance et la douleur de cette tragédie. Ne pouvant prendre aucune décision, les bâtiments ont été abandonnés. Si cette situation continue, les bâtiments vont finalement se détériorer ce qui ne satisfera ni les uns qui veulent les garder ni les autres qui veulent les voir disparaître.

Voici une photo du bureau de la prévention des catastrophes de la ville de Minamisanriku. Ce bâtiment est justement au centre de l’attention des habitants et de la commune qui sont confrontés à sa démolition.
D’une part, cela fait souffrir ma grand-mère et ma tante que l’on force à se rappeler de l’horrible tragédie vécue mais d’autre part, il est important de ne pas réitérer les mêmes erreurs dans le futur et de continuer à montrer, aux générations futures, les dégâts que les tremblements de terre peuvent engendrer.
Je partage cet opinion. Or puisqu’il y a des survivants qui ont tragiquement vu leurs proches mourir dans ce bâtiment, Il est sûr que ce n’est pas un problème que l’on va résoudre facilement.

Après avoir personnellement vécu le tsunami et le séisme, je voudrais maintenant vous parler de comment je crois qu’il faut réagir face à ce genre de situation.
Avant de rejoindre ce programme, j’étais juste une gamine immature, sans argent ni pouvoir; je ne savais pas quelle initiative prendre pour aider et contribuer à la prévention des catastrophes. Je savais qu’il y avait beaucoup de personnes autour de moi qui avaient besoin d’aide et je voulais agir. Mais sans pouvoir ni argent pour agir, je ne savais que faire.
Je vais un peu m’éloigner du sujet mais lorsque j’étais au lycée, je rêvais d’une année d’échange à l’étranger. Mais avec les difficultés financières causées par le tremblement de terre, ce projet ne s’est pas réalisé. Pour être sincère, j’étais très déçue sur le moment. Pourtant après la catastrophe, ne pouvant pas abandonner mon rêve, je me suis mise à faire des recherches et je suis arrivée à rejoindre ce programme. Il est vrai que la forme n’est pas similaire mais j’ai réussi cependant à réaliser mon rêve. Plus que cela, les raisons pour lesquelles j’ai voulu partir à l’étranger se sont d’autant plus clarifiées et renforcées depuis le tremblement de terre. Ainsi, j’ai le courage maintenant de passer à l’acte pour changer mon futur et je suis aussi capable de changer les éléments négatifs en positifs. A partir de cette expérience, je pense avoir changé mon attitude qui de passive est passée à active.

Désormais, j’envisage également de participer à des activités de préventions des désastres. Je vois autour de moi beaucoup d’adultes qui soutiennent de différentes manières les enfants sinistrés. J’aimerais bien leur transmettre mon énergie et trouver ce que je pourrais faire avec eux.
Tout d’abord, j’aimerais vous remercier infiniment pour votre soutien. Merci beaucoup. Pour les collectes de fonds autant que pour les fournitures de secours bien sûr mais aussi pour avoir prié pour le Japon et aussi pour vos messages de soutien. Nous avons été très touché de savoir qu’autant de personnes pensaient à nous. J’ai appris que de nombreuses personnes avaient offert leur soutien autour de moi. Ce n’était pas seulement des proches ou des personnes du Japon mais des personnes du monde entier qui nous soutenaient. S’il vous arrive un jour de souffrir, sachez que vous trouverez des soutiens partout dans le monde entier.

De plus, j’ai appris qu’il est très appréciable lorsque quelqu’un montre de la compassion, ou encore s’inquiète pour soi. Même si la personne risque de ne pas comprendre les ressentis après une aussi grande tragédie, il est toujours agréable d’avoir de l’attention pour autrui, et je veux chérir ces sentiments sincères et affectifs qu’une personne est capable d’offrir.
J’ai aussi envie que vous sachez apprécier et être reconnaissant de votre situation actuelle. Il arrive que des problèmes nous troublent ou d’avoir des plaintes dans notre quotidien, mais après avoir vécu ce tremblement de terre, on prend conscience que c’est égoïste de se plaindre de ces petites choses. C’est parce que nous sommes tellement bénies au quotidien, que nous nous permettons d’être insatisfaits pour des petits détails et problèmes. C’est une chance de pouvoir utiliser l’électricité, de pouvoir acheter des produits dans un magasin. Je souhaiterez que vous preniez conscience de tout cela.
Finalement, je voudrais que vous preniez soin de tous ceux qui vous entourent, en commençant par votre famille. Bien trop souvent, nous oublions qu’un jour, nous ne les reverrons plus jamais. Tout juste après le tremblement de terre, je n’avais pas plus de nouvelles de mes parents et ni de mes grands-parents et j’étais très inquiète. Je me disais que si jamais je ne les revoyais plus, j’aurais dû être plus gentille avec eux. Que je regretterais fortement mon comportement. Maintenant, j’apprécie chaque seconde passée avec ma famille et mes amis car je ne veux plus jamais regretter plus tard de ne pas avoir été assez aimante. Même les personnes avec qui nous ne sommes pas aussi proches peuvent vous aider lors de situations difficiles. Il est donc important d’être toujours généreux avec les personnes que vous fréquentez.
A cette heure, tous les habitants du Tohoku se rassemblent et se motivent pour la reconstruction de leur ville. Cette photo montre le quartier commercial de Minamisarinku cho où les habitants vendent des spécialités de la région, le tout dans une ambiance conviviale. Dans cette tragédie, beaucoup de gens ont souffert, mais comme vous pouvez le remarquer, beaucoup font de leur mieux pour aider et reconstruire nôtre belle région. De plus, l’équipe pro de base-ball du Tohoku a pour la première fois gagné le titre de champion national. Ca, c’est vraiment très encourageant.
Dans le futur, j’aimerais participer et apporter davantage mon soutien à la reconstruction de la région.
Merci beaucoup.


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